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LOCHANSIDE



Cet air a été composé par le pipe major John McLellan DCM (le sigle signifie “Distinguished Conduct Medal” – C’est la seconde plus haute décoration militaire (après la Victoria cross) pour action d’éclat). Il gagna cette distinction pour sa conduite courageuse durant la bataille Magersfontein (*) où il rallia les troupes au son de sa cornemuse alors même qu’il était sérieusement blessé à la cheville. En souvenir de ce moment, qui l’inspira, il écrira plus tard Lochanside.

MacLellan, né à Neil le 5 août 1875, vécut à Dunoon. Sonneur accompli, peintre, parolier et poète, c’était un compositeur de talent réputé pour ses mélodies accrocheuses.
Lochanside reste son œuvre majeure. Elle se distingue des autres mélodies du même genre par son rythme que beaucoup jugent merveilleusement atypique au point d’être tout à la fois, une marche, une retraite ou un air festif de mariage. Jouée tant en solo qu’en massed band, elle est aujourd’hui présente dans la plupart des répertoires des pipes band.

L’armée a renoncé à l’associer à une quelconque manœuvre militaire pour la réserver au début de soirée. Un rituel pour afficher la quiétude régnant dans le camp ou la caserne, refuge où les hommes se sentent en sécurité.

  

(*) La bataille de Magersfontein (prononcer : MAH-erz-fon-tain; le "g" est silencieux) s’est déroulée le 11 décembre 1899 près de Kimberley à 10 km au nord-est de la rivière Modder, en Afrique du Sud. Elle opposa les troupes Boers des généraux Piet Cronje et De la Rey qui battirent les forces anglaises commandées par Lord Methuen.
La guerre des Boers a été un sérieux coup pour l’armée britannique. Elle a révélé toute l’obsolescence des tactiques militaires britanniques héritées des guerres napoléoniennes où l’on se déplaçait toujours en formations serrées. Cette stratégie appropriée pour l’utilisation d’armes à feu à un seul coup permettait de pallier l’imprécision de la trajectoire en tirant des volées bien ordonnées particulièrement efficaces contre des ennemis en surnombre et dotés d’armes blanches telles le furent les tribus révoltées du Soudan ou les Zoulous. Ils étaient facilement maintenus à distance par une telle tactique. Mais elle dut être entièrement revue face aux Boers dotés d’armes modernes à répétition. Les commandos Boers, sans discipline formelle et souvent vêtus en civil, étaient soudés en une force de combat redoutable grâce à un fort sentiment de communauté et une profonde aversion pour les Britanniques. Ils avaient une parfaite connaissance du terrain et leur infanterie montée était capable de tirer à la carabine tout en galopant. Très mobiles et invisibles, combattant à l’instinct sans adopter de formation classique de combat, ils paraissaient insaisissables pour des troupes anglaises restées aux schémas des guerres de Crimée et d’Inde. En infériorité numérique constante les Boers furent contraints à une guerre défensive mais adoptèrent des tactiques préfigurant de celles qui seraient utilisées plus tard lors de la première guerre mondiale.

A comparer, les régiments britanniques n’avaient fait qu’apporter quelques rectifications à leur uniforme en adoptant la couleur kaki. Concernant les Highlanders un tablier kaki avait été également ajouté pour masquer les coloris éclatants des tartans de leurs kilts et leur servir de sporran. Hélas ces mesures furent insuffisantes. Le chapeau colonial, tel le furent également les casques à pointes des allemands en 1914, était trop hauts et aidait l’adversaire à repérer ses cibles. De même les boutons rutilants des tuniques et les médailles étincelantes arborés par les officiers brillaient au soleil. En les désignant ainsi comme cible de choix à leurs adversaires, on comprend le taux élevé et disproportionné de pertes parmi les officiers de haut rang. Il était fréquent que des unités entières soient ainsi privées de tout commandement sur le terrain dès le début de l’engagement. Si l’infanterie britannique était à présent armée d’une carabine à répétition munie d’un chargeur à 10 coups, aucune instruction n’avait été donnée pour tirer avantage de la précision et de la rapidité de tir de l’arme. Les troupes régulières britanniques n’avaient pas d’imagination et de ressources. Seules les procédures de routine telles le déplacement en formation serrée et l’installation du campement étaient enseignées. Mais la protection des camps et l’utilisation efficace d’éclaireurs étaient souvent négligées. De même l’idée de faire feu tout en continuant de se mouvoir leur était inconnue.


C’est ainsi que la guerre des Boers a été parsemée d’incidents dans lesquels des contingents britanniques entiers ont été perdus, trop souvent pris en embuscade et contraints à mourir ou à se rendre. En fait, les meilleures troupes Britanniques sur le terrain furent leurs régiments de volontaires Canadiens, Australiens et Néo-Zélandais. Aux méthodes moins conventionnelles, ils se déplaçaient par petites unités et préféraient utiliser leurs chevaux à porter le matériel plutôt qu’à charger l’ennemi. La guerre sera suivie d’une réorganisation de l’armée britannique.
        

La bataille de Magersfontein

Après la très difficile victoire de Lord Methuen à Modder River le 28 novembre 1898, l’armée anglaise épuisée fait une pause à laquelle s’ajoutent les délais de reconstruction du pont ferroviaire détruit par les Boers. Pour Methuen, qui manque de moyens de transport adéquats, la voie ferrée représente un axe de ravitaillement indispensable pour ses troupes s’il veut parvenir à libérer la ville de Kimberley, principal centre de la production de diamant, tenue par les Boers.

Contraint de battre en retraite au-delà de la rivière, De la Rey choisit une nouvelle ligne de combat à 10 kilomètres au nord-est des anglais en s’appuyant sur les contreforts de la colline de Magersfontein. Il décide de dissimuler ses tireurs dans des tranchées creusées à même la plaine plutôt que de les disséminer au sommet des collines trop vulnérables au pilonnage systématique de l’artillerie ennemie. La pause effectuée par l’armée anglaise lui laisse le temps de s’y fortifier.   
Il est sûr d’y barrer la route à l’ennemi tant sa ligne d’approche longeant l’indispensable voie ferrée est prévisible. Sa tâche est même facilitée lorsque l’imminence de l’attaque lui est signalée la veille par un intensif bombardement d’artillerie totalement inefficace car, comme à l’accoutumé, uniquement dirigé sur le sommet des collines où les anglais pensent leurs adversaires retranchés pour mieux les épier, les dominer et avoir l’avantage de la pente lors de l’assaut.
        
Pendant la nuit, sous une forte pluie, la brigade des Highlanders sous les ordres du général Wauchope (elle est composée du 2ème Black Watch, du 1er régiment d’infanterie légère des Highlands, du 2ème Seaforth Highlanders et du 1er Argyll et Sutherland Highlanders) approche en ordre de marche serrée avec intention de donner l’assaut à la colline de Magersfontein et de surprendre les Boers dès l’aube. Mais leur progression nocturne est retardée par les intempéries, les épais taillis de broussailles et les nombreux éboulis rocheux rendus glissant par les pluies diluviennes. Ils sont repérés par les Boers alors qu’ils sont encore à un kilomètre de distance. Craignant que dans l’obscurité ses troupes ne s’éparpillent, leur commandant les exhorte à conserver des rangs serrés « épaule contre épaule ». C’est dans cette position qu’ils sont surpris par un feu nourri des Boers déclanché à 400 mètres de distance. La confusion est totale dans les rangs des Highlanders d’autant plus que le général Wauchope est tué par la première volée de balles. Démunis les Highlanders croient trouver leur salut en se ruant à la charge mais leur élan est brisé par des réseaux de barbelés inattendus, une idée des paysans Boers qui préfigure de ce que sera la guerre des tranchées en 14-18. Les Highlanders se trouvent dans l’incapacité d’avancer ou de reculer, et doivent chercher leur salut en se plaquant au sol à la recherche de la moindre aspérité de terrain pouvant leur offrir une protection salvatrice. Le soleil se lève et ils vont ainsi rester sur leur position durant 9 longues heures tourmentés par la soif et accablés par les fourmis qui pullulent.
On comprend mieux ici pourquoi, en s’inspirant de cette bataille à laquelle il participa pour écrire Lochanside, MacClellan a abouti à ce rythme si particulier : impossible d’aller de l’avant, impossible de battre en retraite et besoin de réconfort sur place… sa mélodie exprime donc les trois à la fois sans chercher à trancher et nous fait partager le dilemme et les besoins des troupes prises sous le feu ennemi.
Methuen ne parvient pas à les soulager. Son artillerie continue de pilonner des zones libres de tout adversaire et les Gordon Highlanders envoyés soutenir leurs camarades échouent dans leur tentative de contournement bloqués par l’héroïque et incroyable défense d’un corps de volontaires scandinaves de 70 hommes luttant au côté des Boers. Ces derniers infligent à leurs adversaires 10 fois plus de pertes qu’ils n’en auront eux-mêmes.
Methuen est vaincu et doit faire sonner la retraite. Les Highlanders, après 9 heures d’enfer, doivent se retirer sous un feu nourri et le tir de l’artillerie Boer qui révèle enfin sa position lorsqu’elle n’a plus à craindre d’être prise pour cible par celle de leur adversaire. Les pertes anglaises seront de 902 hommes (dont 53 officiers) contre 236 du côté Boer.

La défaite de Magersfontein s’ajoutant la même semaine à celles de Stormberg et Colenso font partie de ce qui a été appelé « la semaine noire ». Les pertes de la brigade des Highlands ont provoqué un grand désarroi en Ecosse, d’autant plus retentissant que le général Wauchope était bien connu pour s’être opposé au premier ministre Gladstone lors des élections générales pour le siège du Midlothian où il ne fut battu que de 690 voix.
Methuen, relevé de son commandement, est remplacé par Lord Roberts et Lord Kitchener. De substantiels renforts en troupe (25.000 hommes) sont envoyés en Afrique du Sud. Forts de leur imposante supériorité numérique, les anglais reprennent leur progression désormais inexorable face à un adversaire aux ressources non renouvelables et sans réserves.


LES PAROLES DE LOCHANSIDE

La version proposée est celle composée par Jim Malcolm.



Come the winter, cold and dreary
Brings a hawk doon frae the high scree
Tae the whin where snowy hares hide
A aroond the Lochanside.

Come the spring the land lies weary
Till the sun shines oot sae cheery
Brings the bloom, for a o June’s pride
A aroond the Lochanside.

If ye’d been ye’d have seen the scatter
the peezies o’er the machair
When aboon the tawny ool glides
A aroond the Lochanside.

And the heron he comes a-creeping
Through the rashes sae green and dreeping
Tae the pool whaur wily troot slide
A aroond the Lochanside.

Aye if you ever hae a reason
Tae be here in ony season
Come and try the barley bree in
Roond the fire on Lochanside.

Summer time - the fish are louping
Dippers in the burnies couping
Swallaes flee frae dawn til e’entide
A aroond the Lochanside.

By the autumn the pinks are winging
Blaeberries o’er the moors are hinging
Salmon through the surging spate fight
A aroond the Lochanside.

If ye’d been ye’d have seen the scatter
the peezies o’er the machair
When aboon the tawny ool glides
A aroond the Lochanside.

And the heron he comes a-creeping
Through the rashes sae green and dreeping
Tae the pool whaur wily troot slide
A aroond the Lochanside.

Aye if you ever hae a reason
Tae be here in ony season
Come and try the barley bree in
Roond the fire on Lochanside.

Aye if you ever hae a notion
Tae be welcomed wi devotion
Traivel home o’er ony ocean
Tae be here on Lochanside.

  

  Quant arrive l’hiver, froid et triste
  Du haut des éboulis montagneux l’aigle plonge
  Vers les ajoncs enneigés où se cachent les lièvres
  Tout autour de Lochanside.

  Quant arrive le printemps la terre est fatiguée
  jusqu’à ce que le soleil brille si joyeusement
  qu’il apporte la floraison au fier mois de juin
  Tout autour de Lochanside.

  Si vous aviez été là, vous auriez vu se disperser
  les insectes au-dessus des pâturages fertiles
  lorsque la hulotte plane
  Tout autour de Lochanside.

  Et le héron avançant comme s’il rampait
  à travers le vert taillis en salivant
  à l’approche de l’étang où glisse la truite rusée
  Tout autour de Lochanside.

  Oui, si jamais vous aviez une raison
  d’être là en toute saison
  Venez et goutez à la liqueur d’orge
  Autour d’un feu de bivouac à Lochanside.

  L’été venu – les poisons tourbillonnent
  Les passereaux batifolent dans les ruisselets
  Les hirondelles volent de l’aube jusqu’à la mer étale
  Tout autour de Lochanside.

  A l’automne les roses s’envolent
  Les myrtilles des landes sont ceuillies
  Les saumons luttent contre le courant des torrents
  Tout autour de Lochanside.

  Si vous aviez été là, vous auriez vu se disperser
  les insectes au dessus des pâturages fertiles
  lorsque la hulotte plane
  Tout autour de Lochanside.

  Et le héron avançant comme s’il rampait
  à travers le vert taillis en salivant
  à l’approche de l’étang où glisse la truite rusée
  Tout autour de Lochanside.

  Oui, si jamais vous aviez une raison
  d’être là en toute saison
  Venez et goutez à la liqueur d’orge
  Autour d’un feu de bivouac à Lochanside.

  Oui, si tu veux avoir une idée
  de ce qu’est d’être reçu avec gentillesse
  Voyage et traverse l’océan
  Pour venir ici à Lochanside.



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Lochanside - Small pipe






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