Le marquis de Huntly est le chef du clan Gordon. Depuis le début du 15e siècle,
il réside au château d’Aboyne, choisi pour sa position stratégique près de la rivière Dee,
un des principaux points de passage vers le nord-est de l’Écosse. Les Gordons,
des propriétaires fonciers plutôt qu’un clan tribal traditionnel, étaient connus
pour être des tenants du catholicisme et pour leur parfaite maîtrise de l’élevage
des chevaux. À l’apogée de leur puissance, les Gordons avaient pratiquement
un royaume indépendant dans le nord-est de l’Écosse (Aberdeenshire & Banffshire).
Leur influence et leur immense pouvoir valurent au chef du clan le surnom
de « Coq du nord ». Sans doute par assimilation à cet animal fier, au cocorico
bruyant et vantard, et suffisamment courageux pour être capable de se battre
jusqu’à la mort. De nos jours, ce titre honorifique est toujours revendiqué et
porté avec fierté par le chef de clan.
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Le blason contient les deux devises du clan Gordon.
Au sommet, "Bydand" qui signifie "déterminé, tenace, ferme dans sa
croyance, inébranlable". En bas, « Animo non Astutia » qui signifie "par le courage,
pas par la ruse". Des têtes de sanglier apparaissent sur le blason, car la légende
prétend que le premier Gordon a sauvé un roi écossais d’une attaque de sanglier.
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La mélodie "The marquis of Huntly’s Highland Fling" (également connue sous
le nom « Ladies Ancient Fling ») est la danse du clan Gordon. Elle a été
composée au violon vers 1794 par George Jenkins (1760-1806), un maître de
danse écossaise décédé à Londres. Le mot "fling" existait déjà au 16e siècle
dans la littérature écossaise pour décrire un vigoureux pas de danse lorsqu’en
sautant le danseur passe alternativement le pied de la jambe levée devant puis
derrière celle qui lui sert d’appui. La phrase "Highland Fling" n’apparaît en
version imprimée qu’en 1794 avec la publication de l’air dans la 1ère collection
de G. Jenkins où on ne sait dire si elle se rapporte à une danse ou à un pas
seulement. La première référence claire en tant que danse complète
appelée « Hielan Fling » remonte à 1824. Elle est introduite dans les danses
de compétition en 1841 par le Inverness Northern Meeting Games.
Les fondements de la Highland Fling moderne se basent sur le descriptif
de "The marquis of Huntly’s Highland Fling" donné dans le manuscrit de
quadrilles et de danses du pays de Frederick Hill en date du 22 mars 1841.
C’est l’un des documents les plus importants de l’histoire de la danse country en Écosse.
Aujourd’hui "The Marquis of Huntly’s Highland Fling" est devenue une mélodie
incontournable des Highlands Games.
Avec la danse des épées, la Highland Fling est probablement la plus ancienne
des danses traditionnelles d’Écosse. Ses origines en danse solo sont obscures,
mais elle serait le fruit d’une compilation de pas de strathspey associés à une reel.
Bien que l’on prétende aussi qu’elle soit une danse de la fertilité, il est
communément admis qu’il s’agit d’une danse de la victoire. Elle était pratiquée
par le guerrier vainqueur, au dessus de son petit bouclier rond au centre duquel
une longue pointe était dressée nécessitant une grande dextérité pour ne pas
s’empaler le pied. Elle permettait donc aux guerriers de développer vigueur et
agilité pour être capables de combattre sur toute nature de terrain, parfois
jonché de cadavres et d’armes tombées pêle-mêle.
C’est la raison pour laquelle
les anciens rois et les chefs de clan utilisaient cette danse pour choisir leurs
hommes parce qu’elle révélait leur agilité, leur force, leur endurance et leur
précision.
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Les régiments écossais l’utilisèrent ensuite comme exercice pour
garder les troupes en forme et prêtent pour la bataille. La Highland Fling
mobilise les muscles de la tête aux pieds et s’apparente à un sprint fait
de jeux de jambes complexes où le danseur saute 192 fois (pour les danses
en 6 steps).
Le danseur doit exécuter des mouvements de jambes très rapides et très précis
tout en restant sur la pointe des pieds. Les genoux sont tournés vers l’extérieur, les bras
sont levés tendus et le tablier du kilt doit rester plat.
Les juges notent tout particulièrement l’élévation,
la coordination bras-jambes et le respect du tempo musical, mais aussi
l’apparente facilité que l’on donne à danser. Pour être une danseuse des
Highlands accomplie, il est donc nécessaire d’avoir la grâce d’une
ballerine et la puissance d’une gymnaste.
À l’origine, seuls les hommes étaient autorisés à pratiquer ces danses.
Vers la fin du 19e siècle, une jeune fille de 10 ans, nommée Jenny Douglas,
décide de participer à un concours de danse des Highlands. Comme le règlement
ne l’interdisait pas explicitement, les juges condescendirent à la laisser concourir.
Ce fut un choc pour tous de voir, pour la première fois, une jeune fille en
découdre sur scène avec les hommes et faire jeu égal (sinon mieux) avec eux. Il n’en fallut
pas davantage pour que la gent féminine se précipite dans la compétition.
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Mais c’est surtout durant les deux guerres mondiales que les femmes prirent
le relais afin de préserver la richesse culturelle et historique du pays, tandis
que les hommes défendaient leur patrie. Depuis lors, la participation féminine
aux Highlands dances n’a pas cessé d’augmenter au point, qu’aujourd’hui, plus
de 95% des danseurs sont des femmes.
Pour garder le look original du soldat, les filles adoptèrent le costume
masculin militaire et coiffèrent leurs cheveux, tirés vers l’arrière,
d’un chignon haut ou d’une tresse française. Si elles ont conservé les
caractéristiques de la coiffure (en laissant leurs cheveux libres, les
danseuses risquent de perturber leur champ de vision et de perdre les
repères visuels qui leur permettent de s’assurer de bon alignement de leur corps),
la tenue a en revanche évolué. Le kilt a été allégé, le sporran, le couteau et
le couvre-chef ont été supprimés. Mais la principale innovation date de 1952
lorsque les organisateurs des Jeux d’Aboyne ont parrainé un costume plus féminin
sur un modèle de robe des highlands du 17e et 18e siècle
rappelant la grande héroïne Flora MacDonald. Cette tenue est portée pour pratiquer
les danses « nationales » telles que Flora MacDonald fancy, la Scottish lilt,
the Village Maid ; de nouvelles danses plus proches du ballet et donc plus féminines.
Plus douces et moins militaires, elles offrent en outre des mouvements de mains
appropriés où les dames peuvent tenir leurs jupes.
Est-ce à dire que les femmes ont tout changé selon leurs propres points de vue ?
Non, car elles ont gardé le regroupement des doigts où le pouce est en contact
avec la première phalange du majeur. Cette position des doigts a été inventée par
un jeune garçon. Parti dans les Highlands à la chasse au cerf, il fut si ébloui
lorsqu’il en vit un bondir devant lui qu’il rentra bredouille chez lui pour
décrire à sa famille ce qui l’avait émerveillé. Il le fit en sautant et en
adoptant cette gestuelle de la main et des doigts pour mimer le cerf et
figurer ses bois. Persuadées que cette gestuelle créée par un garçon ne
pouvait que plaire à ces derniers, les jeunes filles l’adoptèrent dans
toutes les danses pour être admirées des garçons lorsqu’elles dansent.