Le début de la campagne est marqué par d’incroyables succès et, après avoir pris Édimbourg, l’armée Jacobite s’avance vers le sud en territoire anglais. Elle atteint Derby où, sans le soutien des troupes françaises, elle doit renoncer à poursuivre sa marche sur Londres. Elle se replie alors dans sa forteresse que sont les Highlands où elle est finalement vaincue à Culloden Moor près d’Inverness en 1746.
Excédé, le gouvernement anglais décida de mettre fin, une fois pour toutes, à la menace militaire jacobite. Les Jacobites sont arrêtés, emprisonnés ou exécutés. Leurs domaines sont confisqués, le système des clans démantelé. Pire, le 1er août 1746, une loi proscrit le jeu de la cornemuse et le port des vêtements traditionnels des Highlands :
En Écosse, aucun homme ou garçon, sauf s’il s’engage comme officier ou soldat dans les Forces de Sa Majesté, doit, sous quelque prétexte que ce soit, porter de vêtements typiques des Highlands tels que le plaid et le kilt ou utiliser des étoffes de tartan pour confectionner des manteaux. Le contrevenant est passible, à la première infraction, d’une peine d’emprisonnement de 6 mois, à la deuxième infraction, à sept ans d’exil dans les plantations outremer.
Cette loi était un vrai crève-cœur pour les partisans des Stuarts et plus encore chez ceux qui avaient combattu pour la maison de Hanovre, côté Anglais, injustement punis. Sans leurs kilts, ils ont dû revêtir le pantalon et sans leurs cornemuses (*) chanter des puirt-a-beul (notes chantées qui, originellement, permettaient d’apprendre les airs lorsqu’ils n’étaient pas retranscrits sur des partitions) pour se souvenir des airs et rythmer leurs danses avec les mots plutôt qu’avec la cornemuse.
(*) La cornemuse n'est pas citée dans l'acte de proscription et elle n'a jamais été formellement bannie.
Néanmoins, le zèle déployé par les troupes britanniques après l'insurrection de 1745 à "pacifier" et contrôler les Highlands
poussa à l'assassinat de nombreux sonneurs. Le cas le plus célèbre reste celui de l'infortuné James Reid capturé alors qu'il était
dans les rangs de l'armée jacobite. À son jugement, il plaida non coupable arguant qu'il était sans arme et ne faisait que jouer
de la cornemuse. Le juge lui répondit que l'on n'avait jamais vu un régiment de Highlanders monter au combat sans le son des cornemuses
et qu'en conséquence, aux yeux de la loi, cet instrument de musique était assimilable à une arme de guerre. Reconnu coupable,
James Reid fut exécuté à York le 6 novembre 1746. Ces incidents ont pu faire croire au bannissement de la cornemuse. Mais, en réalité,
le déclin du pouvoir des chefs de clans et la désertification des Highlands suite aux clearances sont bien davantage responsables
du déclin de la pratique de la cornemuse. Même la très célèbre école de cornemuse des MacCrimmon's ferma dans les années 1760
suite à une querelle avec le chef des MacLeod au sujet de la rente à payer pour la formation des apprentis sonneurs qu'il n'avait
plus les moyens de payer. En fait, une fin pas très romantique....
Le désarmement des Highlands était certes une mesure nécessaire et souhaitable, mais l’interdiction du tartan fut une humiliante vexation bien injuste dans ses effets. En outre, elle porta à toute l’activité locale de confection un coup dont elle mit très longtemps à se remettre. L’application de cette loi contraignit plus d’un Highlander à s’affubler d’oripeaux ridicules, faute de pouvoir, dans les parties du pays éloignées des Lowlands, se procurer les vêtements requis. On les disait habillés de « tapis de selle ».
Cette humiliation dura près de 36 ans.
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Bien des années après, les Highlanders avaient pu démontrer leur loyauté envers le nouveau régime en combattant au sein de
régiments de l’armée britannique (comme les Fraser pendant la guerre de Sept Ans), tandis que beaucoup des chefs et leurs clans,
jadis disgraciés, s’étaient rachetés dans les yeux de la Couronne. On jugea donc que la loi sur la proscription de la tenue des Highlands pouvait être abrogée. Toutefois, les vrais motifs étaient essentiellement économiques et visaient à permettre aux filatures d’engranger des bénéfices en produisant davantage de tissus en tartans, à l’époque très à la mode à Londres. |
Le texte de l’abrogation, en date du 1er juillet 1782, était ainsi rédigé :
"Écoutez, hommes, fils des Gaëls ! Le Roi et le Parlement de la Grande-Bretagne ont à jamais aboli la loi sur la prescription du port de la tenue Highland. Voilà qui doit faire chaud au cœur de tous les Highlanders qui ne sont plus astreints à porter le bas viril de la tenue des Lowlanders. Chaque homme, jeune ou vieux, de souche simple ou noble, peut désormais porter la tenue des Highlands sans crainte de la loi".
Mais, après 36 ans, l’habitude de porter le costume des Highlands au quotidien avait été perdue et les valeurs claniques amoindries.
Quelques nostalgiques parmi les hommes les plus âgés y revinrent, mais la plupart ne conservèrent la tenue que pour les grandes occasions.
Mais les origines de la danse remontent à bien avant 1745. Originaire du Perthshire, c’était une danse à caractère humoristico-dramatique, connue sous le nom « Seann Triubhas Willichan » (le vieux pantalon de William) et accompagnée de la mélodie du même nom. À l’époque, elle n’était pas considérée comme une danse des Highlands, quoique régulièrement dansée au bal de la St-Michel sur l’île de South Uist.
Après le soulèvement Jacobite de 1745, le poète gaélique Duncan Ban MacIntyre (grand barde du duc d’Argyll) écrivit la chanson "Seann Triubhas",
intitulée "Oran do ‘n Bhriogais" (le chant des culottes). Duncan était un Highlander qui combattit pour le gouvernement à Falkirk (apparemment bien malgré lui,
si l’on en croit ses sentiments exprimés dans ses poèmes où il jure que jamais plus il ne sera vu dans le camp du roi George, et loue les clans jacobites).
La chanson protestait contre la loi interdisant le port de la tenue des Highlands, car elle ne faisait pas de distinction entre les rebelles Highlanders
et les loyalistes dont Duncan fut. La danse hérita du titre de la chanson et fut rechorégraphiée pour coller au thème.
Elle était cependant toujours accompagnée au violon sur l’air
de "The devil stick the minister" qui finit, lui aussi, par être amalgamé avec le nom de la danse devenue très populaire. Mais, pour les nécessités de la compétition (en 1853,
les Jeux de Braemar incluèrent pour la première fois en compétition les solos de Seann Triubhas), la mélodie accompagnant la danse a été changée
par "Whistle o’er lave o’t"
plus adaptée au jeu de la cornemuse. Ce nouvel air n’échappa pas au sort des précédents et hérita lui aussi du nom de "Seann Triubhas" tant il devint
le support incontournable de la danse du même nom. Le changement d’instrument entraîna une nouvelle modification du style et du tempo de la danse
dont la version moderne n’a plus rien à voir avec l’ancienne. L’association de la danse avec la mélodie de la chanson gaélique Seann Triubhas peut
avoir donné l’idée de la chorégraphie mimant la danseuse se débarrassant du pantalon à l’occasion de la fin de l’acte de proscription contre le costume
des Highlands, mais ce n’est pas prouvé. D’ailleurs, la chorégraphie moderne est en grande partie l’œuvre du célèbre professeur de danse D.G. MacLennan et
de son frère ainé William, joueur de cornemuse et danseur de ballet,
qui furent plus soucieux d’introduire d’élégants mouvements issus de la danse classique et de gommer les nuances comiques issues de la danse originale
que de mimer la fin de la proscription.
(*) Ne pas confondre le « trews », pantalon en tartan qui faisait partie de la garde-robe des riches et nobles écossais et qui
leur facilitait la monte, avec « Truibhas » qui représente dans la danse un pantalon de style anglais, une culotte simple.
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Elle s’arrêtait habituellement juste en dessous des genoux même si parfois elle descendait jusqu’aux chevilles. Cela nécessitait une fente au niveau du genou pour pouvoir passer le pied. Cette fente était généralement fermée par des boutons le long des jambes. Une ouverture sur le devant servait de braguette et l’ajustement à la taille était assuré par une fente lassée dans le bas du dos. Les culottes haut de gamme se reconnaissaient à la présence d’une poche (notamment pour la montre) et au fait que les boutons de la braguette étaient cachés. Des bas ou des chaussettes hautes, en lin, laine ou soie, complétaient la tenue basse. Elle est tombée en désuétude au début du 19ème siècle en faveur des pantalons. |
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James V en portait déjà en 1538. Toujours en tartan, ils étaient manufacturés avec beaucoup d’ingéniosité. Le tissu était toujours coupé dans le biais pour lui donner un peu d’élasticité. Le tartan utilisé était généralement d’un plus petit motif que celui des kilts. On prenait soin à ce que les motifs correspondent entre le bas du trews et le haut de la chaussette. Le trews n’ayant pas de poches, le porteur attachait un sporran à sa ceinture, porté sur le côté plutôt que de front. Un plaid pouvait être également porté avec le trews. On rapporte que le trews était porté par le Highlander lors des hivers très rigoureux pour se protéger les jambes, tenue complétée par des chaussures en cuir beige. Mais le port de trews a surtout trouvé des adeptes parmi ceux montant à cheval ou à poney, cette tenue étant beaucoup plus pratique que le kilt. Posséder des chevaux étant généralement un privilège de rang, le trews en vint à être considéré comme la tenue des riches. |
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Beaucoup le voient comme une tenue traditionnelle écossaise très ancienne. Ce vêtement est cependant assez récent puisqu’il aurait été inventé par un quaker anglais originaire du Lancashire, Thomas Rawlinson, entrepreneur en ferronnerie, à Glengarry dans le conté d’Argyll vers 1730. Après la révolte Jacobite de 1715, le gouvernement anglais avait poussé les entrepreneurs anglais à développer leurs activités dans les Highlands afin d’assoir la présence anglaise. Homme d’affaires avisé, Thomas Rawlison était de ceux-ci. C’est en voulant donner des coudées franches à ses bucherons écossais travaillant à l’abattage des arbres nécessaires à l’alimentation du foyer de sa fabrique qu’il inventa le petit kilt pour dégager leurs épaules. Il demanda également au tailleur de coudre les plis afin qu’ils soient marqués une fois pour toutes. Lorsque le chef du clan des MacDonnel à Glengarry - Iain MacDonell - le découvrit, il le trouva si pratique qu’il l’adopta et le promut. |
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C’est la tenue caractéristique du Highlander partir de la fin du XVIe siècle. Ce large plaid d’environ 1,5 m sur 5 m avait une taille double de celle des métiers à tisser. Il fallait donc, pour le confectionner, coudre dans la longueur deux pièces d’étoffe. |
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Le plaid ceinturé avait de nombreux avantages en regard du terrain et du climat des Highlands. Tout en offrant une grande liberté de mouvement,
il protégeait du vent, du froid et de la pluie. La laine tissée était très imperméable et le plaid séchait beaucoup plus vite qu’un pantalon, à juste
titre jugé bien plus inconfortable. Par très mauvais temps (forts vents, gel ou neige), le Highlander trempait son plaid dans l’eau avant de le revêtir. Ainsi mouillé, la laine gonflait et le plaid offrait une meilleure protection contre le vent et l’air froid. Par grand froid, il se formait aussi à la surface une mince couche de gel qui ajoutait à la protection. Enveloppé avec sa tête sous la couverture, le souffle du Highlander, confiné contre lui, le gardait au chaud durant la nuit. Les pauvres Highlanders travaillaient et dormaient dans leur plaid. à la fois manteau le jour et literie la nuit, il absorbait toute la transpiration. Il prenait alors une odeur « immonde et impossible à faire disparaitre » aux dires des Anglais et des Lowlanders. |
![]() First when Maggie was my care, Heav’n, I thought, was in her air; Now we’re married—spier nae mair— But—whistle o’er the lave o ’t! Meg was meek, and Meg was mild, Sweet and harmless as a child: Wiser men than me’s beguil’d— Whistle o’er the lave o ’t! How we live, my Meg and me, How we love, and how we gree, I care na by how few may see- Whistle o’er the lave o’t! Wha I wish were maggots’ meat, Dish’d up in her winding-sheet, I could write—but Meg wad see ’t— Whistle o’er the lave o ’t! |
![]() Lorsque Maggie était l’objet de toutes mes attentions, Je croyais être au paradis avec elle ; Maintenant nous sommes mariés – ne m’en parlez plus - Mais, sifflotez sur ce qu’il en reste ! Maggie était docile et tendre, Douce et inoffensive comme une enfant : Hommes plus avisés que moi auraient aussi été charmés Je sifflote au-dessus de ce qu’il en reste ! Tel que nous vivons, ma Maggie et moi, Tel que nous nous aimons et avons mûri, Je ne me soucie plus du regard des autres Je sifflote au-dessus de ce qu’il en reste ! Je souhaiterais que les asticots dévorent ses restes, Offerts dans son linceul, Je pourrais l’écrire - mais Maggie risquerait de le lire Je sifflote au-dessus de ce qu’il en reste ! |
![]() Chorus
And since the light-grey breeches
Ill is our fate, that the young Prince
And it’s the King who’s not our own
And since we put the trousers on
Methinks this is a poor reward
At one time in my earthly life
Unlucky this new dress of ours,
We’ll get hats of dark-grey hue
And ne’er will we be pleased with it
And every one in Parliament
And they were brave and active too,
And now ’tis we who surely know
There’s anger too and misery |
![]() Refrain
C’est donc le port de la culotte
Pourquoi fallait-il que la guigne
Et c’est ce roi de contrebande
Quiconque essaya ce costume
C’est donc là le sort lamentable
Jamais je n’eus en ce bas monde
Fi donc de ces nouvelles fripes
Pour recouvrir nos pauvres têtes
Qui de nous peut se satisfaire
Ces Messieurs les Parlementaires,
Et c’est avec zèle et courage
Oui, c’est à notre tour d’apprendre
Plus d’un, réduit à la misère, |
![]() Luinneag
’S o tha a’bhriogais liath-ghlas
Is olc an seôl duinn, am Prionns’ ôg
’S è’n Righ sin nach buineadh dhuinn,
’S o’n a chuir sinn suas a’ bhriogais
’S ar leam gur h-olc an duais è
Us bha uair-éigin’san t-saoghal
’S neo-sheannsar a’chulaidh i,
Gheibh sinn adan ciar-dhubh
Cha taitinn e gu bràth ruinn
’S bha h-uile h-aon de’n Phàrlamaid
’S bu cheannsalach, duineil iad
Is ann a nis tha fios againn
Tha angar agus duilichinn |
Seann Triubhas by a world champion
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Seann Triubhas - 6 steps
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Curriculum of the Seann Triubhas
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Comment vêtir le grand kilt
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